Le Miroir
(Ayneh)

Jafar Panahi est un des grands cinéastes de notre temps. Depuis deux
années maintenant, il est l’otage malheureux d’un régime iranien
qui lui dénie le droit d’exercer son métier. Libéré sous caution au mois
de mai 2010, le cinéaste a fait appel de la décision de justice qui le
condamnait à six de prison ferme et vingt ans d’interdiction de filmer,
de voyager et d’accorder des interviews. Cette sentence a été confirmée
au début de ce mois d’octobre par la cour d’appel iranienne. Ceci n’est
pas un film, présenté cette année à Cannes, se donnait comme une
réaction à la violente absurdité de cette situation, un acte de résistance
à une mort symbolique. Le film convoquait plusieurs extraits du Miroir,
tourné par le cinéaste en 1997 et Léopard d’or à Locarno cette même
année, à ce jour inédit sur les écrans français. Le Miroir témoigne de ce
dont Jafar Panahi est désormais coupé, le peuple iranien (il est lui-même
fils de plâtrier) que ses films révèlent admirablement dans les gestes,
les visages, la parole. Montrer ce film aujourd’hui, pour lui et les autres
professionnels du cinéma iranien arbitrairement emprisonnés, c’est
passer symboliquement à notre tour et à leur côté par-dessus ce portail
qui se refermait devant lui dans le dernière séquence de Ceci n’est pas un
film, une nuit de Fête du feu. JB