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Glauber Rocha

14/03/1931 (Bahia) › 19810822 (Rio de Janeiro)

Etudes dans une école presbytérienne. S’intéresse aux arts, et plus particulièrement au théâtre et au cinéma. Il travaille comme critique de cinéma, devient assistant réalisateur, tourne des courts métrages, puis réalise son premier long métrante, Barravento.

Son deuxième long métrage, Le Dieu Noir et le Diable blond, présenté au festival de Cannes en 1964, est acclamé dans le monde. C’est avec ce film qu’il s’impose comme le chef de file du cinéma novo, la nouvelle vague brésilienne.

Ses films sont renommés pour leur thèmes fortement politiques, combinés le plus souvent à des éléments mystiques et folkloriques.

Après le coup d’Etat de 1964, il quitte son pays en 1971 et vit en Espagne, Au Chili, au Portugal. Durant cet exil, il continue à tourner des films qui sont plus expérimentaux et avant-gardiste que ses films brésiliens.

Il ne retourne au Brésil que pour y mourir d’une infection pulmonaire le 22 août 1981 à l’âge de 43 ans.

 

La perte de Glauber Rocha est énorme. 90% du “Cinema Novo” est perdue par sa mort, c’était vraiment lui, le “Cinema Novo”. A un moment donné, il a été un guide qui a orienté tous les cinéastes d’Amérique Latine.”                                                Nelson Perreira Dos Santos

 

“Samedi 22 août, Serge (*Daney) m’a téléphoné la nouvelle.

J’ai noté rapidement ceci, dont on me pardonnera le pathos : “l’Âge de la Terre”aura donc été son dernier film. D’où vient qu’il ait été si ravagé, souffrant, malade, ces derniers temps ?

Il s’est heurté à l’impossible, à l’impossibilité d’être un grand cinéaste du Tiers-Monde, un grand cinéaste nègre. “L’Âge de la Terre” est le film du Tiers-Monde.

“L’Âge de la Terre” est une impossibilité grandiose, une traversée du monde et du temps, une découverte de l’Amérique à rebours, un “Cuirassé Potemkine” nègre, c’est-à-dire informe, grimaçant et rythmé, anti-classique au possible, un crachat sanglant à la face du cinéma actuel, dominé par la gentillesse. Ce que ses amis ignoraient, c’est que c’est le crachat d’un mourant.

Il était un être sans paix, sans repos, un exilé de partout et y compris de son pays même. Je l’ai vu à Rio il y a trois ans, seul et retranché comme dans un camp, au milieu des dossiers qu’il accumulait contre ses ennemis. Il avait choisi de perpétuer son exil en rentrant au Brésil, par des déclarations fracassantes qui le coupaient de tous ses pairs.

Ses premiers films étaient portés par toute la fièvre collective du Cinéma Novo, et cependant déjà marqués de solitude, de désespoir.

“Terres en transes”, “Antonio-das-Mortes”.

Il y a aussi quelque chose de plus amer que sa mort dans sa mort même.

C’est que “L’Âge de la Terre” est le dernier film d’avant-garde, que c’est un film désespéré et qu’il n’aura pas de spectateurs.”

Pascal Bonitzer (d’après les Cahiers du Cinéma, septembre 1981)

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