Compétition internationale
46e édition
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Hommage à Humberto Mauro

Comme tout cinéaste brésilien, je dois beaucoup au cinéma de Humberto Mauro. Car nous y apprenons à regarder et à sentir, comme nous regardons et sentons, au fond de nos existences, cette partie du monde où Dieu nous a mis. En outre, je dois ajouter que la générosité du maître me combla particulièrement en diverses occasions. La première, lorsque je me préparais à commencer mon premier film, Rio, 40 Graus (Rio, 40 degrés à l’ombre), une production d’un total amateurisme, avec peu de ressources, faite par un groupe de jeunes, parmi lesquels le photographe Hélio Silva, collaborateur de Mauro à l’Institut National de Cinéma Educatif. Pris de sympathie pour notre enthousiasme, Humberto Mauro nous prêta la caméra qui nous faisait défaut, un appareil français de l’époque du cinéma muet, une Debrie L, mais qui avait été adaptée pour le cinéma sonore. Cela fut la contribution décisive qui permit de démarrer la production. La deuxième collaboration de Mauro, je la reçus lorsqu’il me proposa d’écrire les dialogues du film Como Era Gostoso o Meu Francês! (Comme il était bon, mon petit Français !) en langue tupi, la langue des Tupinambás du XVIe siècle. Parmi les multiples activités auxquelles Mauro se livrait parallèlement au cinéma (électricité, mécanique…), il se consacrait à l’étude de cette langue. Il alla jusqu’à publier un glossaire de termes tupis employés par les premiers poètes épiques brésiliens… Je me souviens des réunions de travail chez lui où, en plus d’écrire les dialogues du film, il me prodiguait ses excellents conseils, toujours pleins d’humour et d’ironie. Ah! Je ne puis oublier une autre dette envers Humberto Mauro : comment apprécier une bonne cachaça…

Nélson Pereira dos Santos
Traduit du portugais par Ciro de Morais Rego

 

Humberto Mauro est la première figure de ce cinéma-là au Brésil. Oublier Humberto Mauro équivaudrait à oublier Gregório de Mattos, Gonçalves Dias, Cláudio Manuel da Costa, Jorge de Lima, Drummond et Cabral dans l’évolution de notre poésie, ainsi que José de Alencar, Raul Pompéia, Lima Barreto, Machado de Assis, José Lins do Rego, Graciliano Ramos, Jorge Amado, Guimarães Rosa, Lúcio Cardoso, Adonias Filho dans l’évolution de notre roman. Oublier Humberto Mauro aujourd’hui – et ne pas se tourner constamment vers son oeuvre comme la seule et la plus puissante expression du cinéma nouveau au Brésil- ce n’est qu’une tentative suicidaire de partir de zéro vers un futur d’expérimentations stériles et détachées des sources vivantes de notre peuple, triste et affamé, mais vivant dans un paysage exubérant.

Gláuber Rocha
Traduit du portugais par Ciro de Morais Rego

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