L’Émigré revisite le mythe de Joseph pour en faire une fable de l’exil et de la connaissance. Entre l’appel du savoir et la fidélité aux origines, Ram — double transparent du prophète — traverse les paysages du désert comme on traverse une épreuve intérieure. La mise en scène, ample et solaire, mêle la grandeur d’un récit antique à la ferveur d’une quête. Chaque plan semble tendu entre la poussière du monde et la possible lumière de l’esprit. Chahine filme l’émigration non comme fuite, mais comme passage : la transformation d’un homme qui apprend à se tenir entre deux vérités, sa foi et la raison. Derrière la fresque biblique, c’est un humanisme qui s’affirme — celui d’un cinéaste pour qui la liberté de penser demeure le plus précieux des miracles.
Jérôme Baron
Copie restaurée
