Sous le vernis du mélodrame, Ciel d’enfer brûle d’une intensité souterraine. Dans les paysages minéraux de la vallée du Nil, Chahine met en scène le choc de deux mondes : ouvriers et propriétaires, jeunesse et inertie, désir et ordre établi. Le film porte déjà la marque du cinéaste — cette manière d’accorder la lutte sociale aux battements du cœur, d’inscrire la révolte dans les corps avant qu’elle ne devienne discours. La caméra épouse les visages, glisse sur les matières, capte la tension entre fatalité et élan vital. Ce ciel, que tout semble condamner, s’ouvre pourtant comme une promesse : celle d’un cinéma qui regarde l’Égypte non comme décor, mais comme organisme vivant, traversé par la fièvre et la promesse d’un avenir à conquérir.
Jérôme Baron
Copie restaurée
Ce film est déconseillé à un jeune public (-12 ans)
