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Produire au Sud, et après

3 Produire au Sud

Le désir de cinéma, la volonté de s’exprimer via ce médium unique, est universel. Ce qui l’est moins, par contre, ce sont certainement les moyens, les structures, et, avant tout, les savoir-faire. C’est dans cet état d’esprit que le programme Produire au Sud a été mis en place. En mettant l’accent sur les rencontres et les échanges de compétences, il a contribué à sa modeste manière au renforcement d’un cinéma local qui doit se battre pour exister face au rouleau compresseur des grandes industries notamment hollywoodiennes.
Produire au Sud privilégie le travail en amont. Il se veut avant tout à l’origine -et l’un des maillons- de réseaux profondément impliqués pour que l’expression cinématographique ne soit pas le privilège d’une minorité. Le programme se pose avant tout comme facilitateur, ce dont témoigne O. Nathapon, réalisateur d’A Moment in June : « J’ai participé au séminaire à l’occasion du troisième Festival du Film de Bangkok, en 2005. La sélection du projet par Produire au Sud a vraiment contribué à ma crédibilité auprès des investisseurs thaï. En tant que réalisateur indépendant, ça a été une grande chance. Sans ce soutien, nous aurions encore pu passer des années supplémentaires à chercher des fonds! ». Les invitations, la présence au Pavillon Les Cinémas du Monde au Festival de Cannes, comme ce fut le cas de Huacho ou de My Secret Sky sont la continuité du programme et représentent aussi des étapes décisives. Parallèlement, Produire au Sud s’attache à des aspects peut- être plus largement ignorés dont la connaissance s’avère d’autant plus cruciale: ainsi, « les séminaires sur les ventes de films et la distribution et les études de cas sur les coproductions ont été particulièrement éclairants sur des problématiques de promotion et de marketing », explique Julie Frederikse, productrice de My Secret Sky.
Pour autant, faire un film demande des montagnes de persévérance, de combativité et de volonté, et Produire au Sud a avant tout pour but d’alléger un peu la charge. Ainsi, reconnaît Julie Frederikse, «la route a été longue, puisque trois ans se sont écoulés depuis la fin 2004 où j’ai assisté aux différents séminaires de Produire au Sud, et le tournage du film, mi-2008 ».

Le succès du dispositif se mesure à long terme, quand les films sont produits -les temps de développement sont d’autant plus longs que les conditions sont difficiles- et que les producteurs, forts de leur expérience, se sont impliqués dans d’autres projets. Les trois films présentés sont donc la preuve -s’il en fallait- de l’utilité de Produire au Sud.
3 films, 3 visions d’un monde en perpétuel changement : My Secret Sky, du Sud-Africain Madoda Ncayiyana, nous conte le parcours d’une orpheline et de son frère à la poursuite du rêve de leur mère. Mais la vie dans la grande ville pour deux enfants seuls de la campagne, n’est pas sans difficulté. Superposant les époques (1999 et 1972) et les réalités, A Moment in June de O. Nathapon, explore quant à lui la complexité des relations humaines. Quant à Huacho, il dresse sous l’angle quasi documentaire, le portrait sans concession de paysans chiliens face aux exigences nouvelles d’un univers « mondialisé ».

Johann Sellas
Journaliste

Films