Compétition internationale
46e édition
15>23 NOVEMBRE 2024, Nantes
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Sélection officielle - Compétition internationale - Documentaire

POLARITÉS DOCUMENTAIRES

Au cours des cinq dernières années, la présence marginale, mais de plus en plus régulière, de films documentaires dans les salles nous a permis, même partiellement, d’éprouver la vigueur avec laquelle cette cinématographie signale son actualité, mais affirme aussi un renouveau qui la positionne comme une des forces de proposition les plus singulières e inattendues de la création contemporaine. Depuis le milieu des années 90, le spectateur attentif avait pu repérer ici ou là plus d’un signe annonciateur de la vitalité de l’engagement documentaire actuel. En l’absence d’une direction orchestrale d’ensemble, une constellation de films avançait par gestes souvent isolés, résolument obstinés, l’hypothèse qu’autre chose pouvait être construit dans la rencontre du cinéma et du réel. Nombreuses sont les propositions qui engagent progressivement la levée d’un discrédit ancien planant sur le  » genre  » et des présentes suspicions qui privent, dans la plus large opinion, le documentaire du terme  » cinéma « .

Oui, le cinéma documentaire aussi, enquête, enregistre, capte, prélève, recueille, commente parfois, amorce le débat, souvent… Sans doute, la perception plutôt générale que nous en avons vient-elle fréquemment renforcer l’idée qu’il partage avec une portion non négligeable des images que nous recevons un questionnement inquiet des états du monde tel qu’il va. La confirmation du bien-fondé de ces inquiétudes qui nous traversent ne saurait néanmoins constituer son seul et cher objet, son alibi, non plus une finalité ou un inépuisable fonds de commerce. Les initiatives (festivals dédiés, rencontres, programmations en salle…) se multiplient, qui nous permettent aujourd’hui de faire l’expérience du cinéma documentaire dans la diversité des propositions qui le caractérisent. Comme les réels auxquels il se confronte, le meilleur du cinéma documentaire contemporain procède d’impulsions plurielles, fragiles, volontiers artisanales, souterraines, anarchiques. Ce n’est pas le moindre de ses mérites que cette insistance à rappeler que les liens qui tiennent le cinéma au monde ne peuvent se donner sous le seul jour du naturel et de l’évidence. Une fois écartée l’obsession, ou pire la mission, d’être le reflet fidèle et objectif du monde, le cinéma documentaire peut d’autant mieux défaire l’organisation tyrannique du visuel qu’il émancipe souvent notre écoute. Modestement, sans démonstration ni euphorie, il arrive que le cinéma documentaire retrouve la piste de quelques possibles qui dessinent aussi la condition de toute pensée. Cahiers du Cinéma, qui s’efforcent d’accompagner les mutations du genre dans ses colonnes et en dehors. Depuis la création de la section documentaire aux 3 Continents, s’est mise en place une collaboration effective dans la sélection des films, continuité d’une pérenne complicité entre le festival et la revue autant que prolongement du travail de prospection et d’analyse effectué chaque mois par les Cahiers. Les huit films que nous présentons en compétition internationale, proviennent de cinq pays différents : Chili, Iran, Japon, Mexique, Singapour. S’ils diffèrent essentiellement à nos yeux, ce n’est pas tant comme émergences de réalités géographiques distantes dont les composantes historiques, sociales ou culturelles seraient à elles seules singulières et significatives, mais, au risque de l’évaluation formaliste, pour leur aptitude à convoquer chez le spectateur une attention chaque fois renouvelée tenant l’interrogation du monde et celle des représentations comme les polarités irréductibles de tout film. Fussent-elles les plus discrètes.

Comité de sélection
Jérôme Baron, Guy Fillion, Jean-Philippe Tessé (Les Cahiers du Cinéma)

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