Compétition internationale
46e édition
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Hommage à Katy Jurado

Le cinéma mexicain a été, de la fin des années trente au début des années cinquante, le premier cinéma hispanophone, produisant jusqu’à 125 films par an. C’est dans cet âge d’or, en 1943 exactement, que Katy Jurado a commencé une carrière qu’elle a poursuivie à Hollywood. Beauté et personnage singuliers (elle toréait !), elle a souvent joué des personnages de femme séductrice, volontaire et/ou dangereuse, y compris pour Luis Bunuel (dans El Bruto). Engagée par Budd Bœtticher pour The Bullfighter and the Lady (tourné au Mexique), elle a ensuite tourné pour Zinnemann (Le train sifflera trois fois), Hathaway, ou Brando (La vengeance aux deux visages). Le Festival des 3 Continents lui rend cette année un ample hommage (et amplement mérité).

Née en 1927 à Guadalajara et de bonne famille, Katy Jurado est très tôt sollicitée par le cinéma. Elle ne peut tourner son premier film qu’à 16 ans, après son premier mariage qui lève l’interdiction paternelle de devenir actrice. Dans un cinéma très attaché aux genres et qui utilisait les acteurs dans des emplois, son physique «distingué et sensuel» (selon ses propres mots), ses traits typés (assez inhabituels parmi les stars mexicaines) la destinaient assez naturellement à ces rôles de mangeuses d’hommes, dont les films mexicains regorgent. C’est donc sans grande surprise qu’on la trouve, par exemple, incarnant «celle qui se lève tard» dans Nous les pauvres, où Ismael Rodriguez pousse vraiment loin, et de belle manière, les limites du mélodrame.

Sa carrière prend un tournant décisif en 1951. Budd Boetticher (celui de Sept hommes à abattre) vient tourner The Bullfighter And The Lady, récit grandement autobiographique. Il remarque Katy Jurado sur les gradins des arènes qu’elle fréquente assidûment. Elle est actrice, et donc engagée. Elle jouera le rôle sans connaître un mot d’anglais. Un rôle pour Bunuel (L’Enjôleuse, où elle la maîtresse jalouse d’un boucher engagé par son mari pour expulser des locataires – le mélodrame toujours) et elle part à Hollywood pour tourner Le train sifflera trois fois. Dans les dix années qui suivent, l’essentiel de sa carrière s’y déroule. Elle y épouse Ernest Borgnine et, seule actrice mexicaine dans ce cas, est nominée pour l’Oscar du meilleur second rôle (pour La lance brisée d’Edward Dmytryk). Depuis le milieu des années soixante, elle alterne, sur un rythme plus lent, les tournages aux Etats-Unis, parfois en Europe, et au Mexique où elle a notamment servi avec maestria Jorge Fons et Arturo Ripstein (la Marna Dorita de Divine, c’est elle).

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