Compétition internationale
46e édition
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Cinéastes de l'Ouzbékistan

La sélection des réalisateurs ouzbeks proposée au Festival des 3 Continents, avec un film par réalisateur, reflète en quelque sorte l’évolution de l’histoire du cinéma ouzbek. Cette histoire a elle-même épousée d’assez près l’histoire du pays, longtemps lié au pouvoir soviétique.

Au début du siècle dans le khanat de l’ancienne Khiva, la cour du khan avait son photographe, Khoudaibergan Divanov, qui devient le premier cinéaste professionnel. Il achète l’appareil français « Pathé » et fait ses premières prises de vue de la vie quotidienne de l’aristocratie d’un état d’Asie centrale. Pendant 20 ans, Divanov fera une œuvre documentariste de grand intérêt.

Survient la Révolution de 1917, dont les vagues atteignent le cinéma ouzbek en 1924 avec la fondation du Boukhino et la naissance du 1er film de fiction. L’année suivante, une grande mosquée est transformée en studio. Une dynamique de création s’instaure autour d’un cinéma engagé, à l’instar des cinéastes de l’époque, avec Nabi Ganiev et Soleiman Khodjaev. Ce dernier, auteur d’un « film comète », Avant l’aube en 1933, sera envoyé au goulag.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les cinéastes russes émigrent à Tachkent pour y réaliser leurs films, mais peu de films proprement ouzbeks y seront produits. Ce n’est que dans les années 30, qu’Ouzbekfilm est enfin autorisé à tourner 3 ou 4 films par an (au lieu de1). Les œuvres doivent être exemplaires et les héros positifs.

La « Nouvelle Vague » naît dans le milieu des années 60, suite au dégel kroutchevien et à l’émergence des « Nouvelles Vagues » dans le monde. De jeunes réalisateurs formés à l’Ecole cinématographique de Moscou vont créer des œuvres personnelles, parlant enfin de leur pays et de leur culture : Choukrat Abassov avec Tachkent, ville du pain en 1968, Ali Khamraev avec Des cigognes blanches, blanches en 1966 et Elier Ichmoukamedov avec Tendresse en 1967, ces deux derniers films étant scénarisés par Odelcha Aguichev.

Dans les années 70, pendant le période brejnevienne, seule la réalisatrice Kamara Kamalova émerge et poursuivra avec persévérance une œuvre marquée par un univers personnel, dont Le Sauvage en 1989. Il faudra attendre 1985 et le début du changement politique qui allait mener à l’indépendance de l’Ouzbékistan pour qu’une nouvelle dynamique voit le jour avec de jeunes cinéastes révélés par des courts métrages parfois provocateurs et qui passent ensuite au long métrage : Djakhonguir Faiziev avec Qui es- tu toi » en 1989 et Zulficar Moussakov avec Une histoire de solda » en 1989 également.

Aujourd’hui, le cinéma ouzbek a survécu à la crise économique particulièrement aiguë des années 93 et 94, où l’aide de l’Etat s’est réduite, amenant des recherches de financement privé parallèles. Cette crise s’est traduite par une désaffection du public pour les films locaux (avec fermeture de salles) et par des difficultés pour la création originale. Rares sont ceux qui mènent à bien des films personnels : Rachid Malikov avec Le Mystère des fougères en 1992 et Anatoli Gaziev avec Le Coquillage en 1992 également, tandis qu’une autre partie du cinéma ouzbek tente d’écrire ou de réécrire l’histoire nationale telle qu’elle apparaît après l’indépendance, le Grand prince Timour (1997) en est l’exemple le plus frappant.

Philippe Jalladeau

Films