Ang Lee rompt ici avec la pudeur de ses premiers films pour atteindre une lucidité glacée. Le drame familial se fait radiographie morale et sous la neige du Connecticut au début des années 1970, ce sont les certitudes d’une Amérique prospère qui sont silencieusement recouvertes. Les façades cossues dissimulent un vide — celui laissé par les utopies consumées, les désirs étouffés et des familles disloquées par leur propre confort. Rien ne semble vouloir percer et bien au contraire chaque plan semble retenir la froideur qu’il décrit. Les familles se défont sous le poids d’une liberté devenue injonction et les désirs de chacun se heurtent à la vacuité d’un progrès sans horizon. L’ironie du titre devient presque métaphysique. Ce froid n’est pas météorologique, il est moral : un gel intérieur rendu à sa tragique visibilité. Jérôme Baron
SÉANCES
NANTES
LE CINEMATOGRAPHE
LUN 24> 18h00
KATORZA
VEN 28> 20h30
