Tragédie à la fois intime et collective, où l’élan révolutionnaire se mue en désillusion. Dans la chaleur étouffante d’une maison égyptienne, le cinéaste observe le retour d’Ali comme on scruterait un mythe fissuré : celui d’un idéal brisé sur les contradictions du réel. Les personnages, pris dans le ressac de leurs espoirs, deviennent les figures d’un pays à bout de souffle. La mise en scène, ample et lyrique, fait des chants, du silence et des geste les instruments d’une douleur lucide. Tout vacille entre le rêve d’émancipation et la fatalité du recommencement. Chahine filme moins le retour d’un homme que l’impossible retour d’une foi — celle en la communauté, en la révolution, en la promesse d’un monde meilleur. Sous les ruines de l’utopie, il reste la beauté tragique d’un regard, celui d’un homme qui continue de croire au cinéma.
Jérôme Baron
SÉANCES
NANTES
KATORZA
LUN 24 > 16h30 · en présence d’un invité
JEU 27 > 20h45
