Dans Chevauchée avec le diable, Ang Lee déplace la guerre de Sécession hors du champ glorieux des batailles pour en explorer d’autres aspects : ceux des guérillas, des fidélités égarées, de la barbarie. Comme Clint Eastwood dans Josey Wales hors-la-loi, il interroge le devenir moral des vaincus et les spectres d’un pays en décomposition. Mais là où Eastwood cherchait une possible rédemption dans un geste d’abord solitaire puis la refondation d’une communauté utopique des laissés-pour-compte, Lee filme la guerre comme un désastre sans horizon — une fraternité impossible, minée par les pulsions de vengeance et les violences. Dans ces forêts boueuses et ces cabanes de fortune, le temps se fige, les causes s’effacent : il ne reste que la fureur, nue, qui ronge les idéaux et consume les corps. La guerre n’est plus un événement mais un état, un lent effondrement de la conscience, où la peur corrode l’identité et la loyauté devient une autre forme d’exil. Jérôme Baron
SÉANCES
NANTES
LE CINEMATOGRAPHE
DIM 23> 10h00
JEU 27 > 16h30
