The Brawler
(Mukkabaaz)

Histoire d’un lutteur de basse caste dont l’obstination est à l’épreuve des balles, The Brawler ravive cette sensation exaltante de dopage qui s’insinue dans chaque film d’Anurag Kashyap. « L’école ne me mènera nulle part », insiste Shravan (Vineet Kumar Singh) devant la réprobation continue de son père, incredule face à sa volonté de devenir le Mike Tyson indien. Le jeune pugiliste n’en démord pas davantage quand des entraîneurs des castes « inférieures » le prennent sous leur coupe, contournant le boycott decreté par Bhagwan, lui brahmane, caïd local et promoteur influent de la boxe dans la région. Porté par son amour pour Sunaina, la nièce muette (mais pas nécessairement soumise) du puissant Bhagwan, Shravan ne courbe pas l’échine. Film de boxe et énième gesticulation shakespearienne du cinéma indien, thriller et critique incisive d’un certain darwinisme social, le quatorzième long-métrage de Kashyap régurgite tous les ingrédients du populaire (de la rue au chant, des amourettes bienséantes aux gimmicks televisuelles et clipesques…) pour redonner au genre toute sa force subversive et substituer un autre miroir cinématographique à celui dans lequel l’Inde aime tant se regarder. AR