Mundane History
(Jao nok krajok)

À côté de la Palme d’or obtenue par Apichatpong Weerasethakul en 2010, Mundane History dérape superbement sur son titre (mundane signifie anodin, quelconque) et s’impose comme l’autre film thaïlandais à voir, l’une des grandes révélations de cette année-là. Tout en retenue et pourtant d’une audace folle, le film passe son temps à saisir la force d’inertie (psychologique, sociale, sexuelle) qui étreint ses personnages. Ake, jeune homme de bonne famille dont la mère est morte, reste paralysé à la suite d’un accident de la circulation. Son père, médecin taciturne, engage un infirmier, Pun, qui le veille au domicile familial. N’ayons pas peur des mots, Mundane History relève du home-movie métaphysique : autour d’une situation banale, il affiche du premier au dernier plan l’opiniâtre ambition d’en découdre avec l’indicible empire du temps présent. JB