Angels Wear White
(Jia Nian Hua)

Les personnages d’Angels Wear White, le second long-métrage de la réalisatrice chinoise Vivian Qu, pourraient tour à tour dire, comme dans un célèbre film de Jean Renoir, qu’ils ont chacun leurs raisons. Bien qu’entre les films les points de comparaison soient aussi limités que leurs sujets diffèrent, l’intelligence d’Angels Wear White consiste comme chez le cinéaste français à trouver les moyens de les exposer tout en montrant qu’elles sont interdépendantes. Point de départ. Dans un motel d’une petite ville côtière du Sud de la Chine, un homme d’âge moyen abuse de deux écolières. Mia, jeune employée clandestine, à la réception cette nuit-là, est la seule témoin d’un crime qu’elle ne dénoncera pas de peur de perdre son emploi. Et les deux enfants, sans secours, doivent elles-mêmes trouver la voie d’une possible reconstruction. En neutralisant les choix dramatiques qui lui permettraient d’épingler notre adhésion indignée, en se tenant plusieurs fois au bord d’un récit qui aurait pu basculer du côté du film criminel, Vivian Qu cherche une voie plus distante mais plus féconde pour aborder la situation des femmes dans la Chine contemporaine. Sa conscience éthique et politique lui permet surtout sans rien dissimuler (la fonction du hors-champ est ici cruciale) de ne pas enfermer ses personnages dans un rôle de victime. JB